Trichet condamnable (mais toujours relaxé)
Cette semaine, la presse a fait (très discrètement) état de ce que la décision de relaxe de JC Trichet dans l'affaire dite "des comptes du Lyonnais" avait été cassée sur pourvoi de la partie civile, l'obstiné Alain Geniteau.
Je ne reviendrai pas sur le fait que cette décision sera en toute hypothèse sans conséquence sur la situation pénale de l'intéressé. Par la grâce du parquet qui, contrairement à toutes les pratiques dans ce genre d'affaires, n'a pas cru bon de faire appel de la décision de relaxe du tribunal correctionnel de Paris en 2003, M. Trichet restera définitivement relaxé même s'il devait être déclaré coupable des infractions dont on l'accuse par la cour d'appel de renvoi... Cette situation, incompréhensible pour tout un chacun, ne fait que confirmer l'opinion de la plupart des observateurs qui ont considéré cette procédure comme une caricature de procédure judiciaire au cours de laquelle le parquet, voire le tribunal et la cour d'appel, ont paru avoir pour objectif essentiel de préserver les chances de M. Trichet à la BCE... Les mauvais esprits comme moi (et d'autres) se contenteront d'observer qu'en France, en 2006, cette affaire relative à des faits remontant au début des années 1990 est donc toujours loin d'être définitivement jugée et restera en tout état de cause une affaire "tronquée" des responsabilités de certains, alors qu'aux Etats-Unis, la procédure "Enron" est en train de s'achever à peine 5 ans après les faits ... Et il n'est pas besoin d'insister sur la disproportion des sanctions prononcées en France (au maximum 18 mois de prison avec sursis prononcées en France - sans parler des relaxes telles que celles de M. Trichet) au regard du scandale qu'a représenté l'affaire du Crédit Lyonnais (environ 150 Mds de francs "envolés" et dans une large mesure financés par le contribuable)... Rappelons qu'aux Etats-Unis, les responsables d'Enron encourent entre 165 et 189 ans de prison et qu'il y a fort à parier que la peine prononcée conduise les intéressés à un fort long séjour à l'ombre du pénitencier...
Il reste que cette mise en cause (au moins au plan symbolique) de la responsabilité de M. Trichet me semble (enfin) venir infirmer les déclarations de M. Trichet à la barre du tribunal correctionnel, qui s'était courageusement défaussé de ses responsabilités de directeur du Trésor sur ses collaborateurs en indiquant notamment aux juges qu'il n'était pas responsable du contenu des notes préparées par ses bureaux et qu'il se contentait de les signer... Néanmoins, le simple fait que cette "revendication d'irresponsabilité" ait pu être admise par le tribunal et les médias (indépendamment de sa faible crédibilité pour quiconque connait le fonctionnement de la direction du Trésor à l'époque de M. Trichet) me semble malheureusement révélateur de l'ambiance d'irresponsabilité générale existant chez les "élites" françaises qui, souvent, trouvent normal de bénéficier des privilèges de leurs fonctions mais s'indignent à l'idée qu'on puisse venir leur demander des comptes sur leur action...
En attendant, M. Trichet peut-il rester président de la BCE alors que sa responsabilité personnelle se trouve à nouveau (potentiellement) engagée dans l'un des plus grands scandale financier français ? Il est vrai que M. Chirac pourra sans doute l'amnistier par mesure individuelle...
Je ne reviendrai pas sur le fait que cette décision sera en toute hypothèse sans conséquence sur la situation pénale de l'intéressé. Par la grâce du parquet qui, contrairement à toutes les pratiques dans ce genre d'affaires, n'a pas cru bon de faire appel de la décision de relaxe du tribunal correctionnel de Paris en 2003, M. Trichet restera définitivement relaxé même s'il devait être déclaré coupable des infractions dont on l'accuse par la cour d'appel de renvoi... Cette situation, incompréhensible pour tout un chacun, ne fait que confirmer l'opinion de la plupart des observateurs qui ont considéré cette procédure comme une caricature de procédure judiciaire au cours de laquelle le parquet, voire le tribunal et la cour d'appel, ont paru avoir pour objectif essentiel de préserver les chances de M. Trichet à la BCE... Les mauvais esprits comme moi (et d'autres) se contenteront d'observer qu'en France, en 2006, cette affaire relative à des faits remontant au début des années 1990 est donc toujours loin d'être définitivement jugée et restera en tout état de cause une affaire "tronquée" des responsabilités de certains, alors qu'aux Etats-Unis, la procédure "Enron" est en train de s'achever à peine 5 ans après les faits ... Et il n'est pas besoin d'insister sur la disproportion des sanctions prononcées en France (au maximum 18 mois de prison avec sursis prononcées en France - sans parler des relaxes telles que celles de M. Trichet) au regard du scandale qu'a représenté l'affaire du Crédit Lyonnais (environ 150 Mds de francs "envolés" et dans une large mesure financés par le contribuable)... Rappelons qu'aux Etats-Unis, les responsables d'Enron encourent entre 165 et 189 ans de prison et qu'il y a fort à parier que la peine prononcée conduise les intéressés à un fort long séjour à l'ombre du pénitencier...
Il reste que cette mise en cause (au moins au plan symbolique) de la responsabilité de M. Trichet me semble (enfin) venir infirmer les déclarations de M. Trichet à la barre du tribunal correctionnel, qui s'était courageusement défaussé de ses responsabilités de directeur du Trésor sur ses collaborateurs en indiquant notamment aux juges qu'il n'était pas responsable du contenu des notes préparées par ses bureaux et qu'il se contentait de les signer... Néanmoins, le simple fait que cette "revendication d'irresponsabilité" ait pu être admise par le tribunal et les médias (indépendamment de sa faible crédibilité pour quiconque connait le fonctionnement de la direction du Trésor à l'époque de M. Trichet) me semble malheureusement révélateur de l'ambiance d'irresponsabilité générale existant chez les "élites" françaises qui, souvent, trouvent normal de bénéficier des privilèges de leurs fonctions mais s'indignent à l'idée qu'on puisse venir leur demander des comptes sur leur action...
En attendant, M. Trichet peut-il rester président de la BCE alors que sa responsabilité personnelle se trouve à nouveau (potentiellement) engagée dans l'un des plus grands scandale financier français ? Il est vrai que M. Chirac pourra sans doute l'amnistier par mesure individuelle...